Youcef Ou Kaci
Youcef Ou Kaci (
Yusef U Qasi) était un grand
poète kabyle du
XVIe -
XVIIe siècle. Né dans les
années 1680, appartenant à la tribu des
At Jennad dans un petit village qui se nomme Ait Gouaret
Grande Kabylie, il est dans la
tradition orale le plus ancien poète kabyle connu.
Il est l’auteur de nombreuses
compositions poétiques, dont certains
vers sont encore de nos jours cités faisant
autorité. Voyageant à travers la
Kabylie, il a également rapporté et commenté, comme témoins de son temps, portant un regard parfois
manichéen,
les péripéties de ces contemporains. De sa poésie transparaît donc la
société kabyle de l’époque ; droits coutumiers, code de l’honneur, ou
encore identité et guerre tribale.
Doué d’un large savoir oral, le poète, par la suite considéré comme figure sainte, portait le titre d’
amusnaw,
sage savant,
et bénéficiait ainsi d'une large audience auprès de la population. Il
pouvait donc notamment jouer le rôle d’intermédiaire dans divers
conflits, et aurait ainsi permis de mettre fin au conflit tribal
opposant sa tribu et celle, devenue amie, des At Yenni.
Youcef Ou Kaci serait mort dans la deuxième moitié du
XVIIe siècle. Son tombeau se trouve à Ait Gouaret (commnune de Timizart, daïra de Ouaguenoun,
wilaya de Tizi-Ouzou).
«LE CAVALIER POÈTE» DE MOHAMED GHOBRINI
Un livre sur Youcef Oukaci
Le choix du poète par l'auteur est presque
une évidence car après avoir écrit sur Si Mohand Ou M'hand et Cheikh
Mohand Oulhocine, il était évident que le suivant ne pouvait être que
l'aède de Timizart N'sidi Mansour.
L'ancien journaliste Mohamed
Ghobrini vient de publier un nouveau livre aux Editions «El Amel» sur le
grand poète d'expression kabyle, Youcef Oukaci, intitulé «Youcef
Oukaci, le cavalier poète». Comme il nous a habitués à travers ses
autres livres du même genre, Mohamed Ghobrini propose au lecteur des
traductions aussi bien en langue française qu'en langue arabe des textes
de Youcef Oukaci. Le choix du poète Youcef Oukaci par l'auteur, est
presque une évidence, car après avoir écrit sur Si Mohand Ou M'hand et
Cheikh Mohand Oulhocine, il était évident que le suivant ne pouvait être
que l'aède de Timizart N'sidi Mansour. La célébrité de ce dernier vient
juste après celle des autres, cités plus haut. L'auteur le confirme
d'ailleurs: Youcef Oukaci Nath Jennad est certes l'un des personnages
les plus illustres de son époque, même si les contradictions constatées
sur sa vie et son oeuvre dans certains écrits ne sont un secret pour
personne. Pour rétablir la vérité, l'auteur souligne qu'il appartient
aux historiens, aux linguistes et autres spécialistes de la question, de
se prononcer en toute connaissance afin d'éclairer davantage l'opinion
sur l'histoire de cet homme légendaire.
En effet, il y a lieu de
rappeler que concernant les trois poètes cités dans cet article, aussi
bien leur vie que leur poésie sont entourées de mystère. A l'époque où
ils vécurent, la tradition kabyle était purement orale. Ce n'est que
bien plus tard grâce d'abord à Mohand Said Boulifa que les textes de ces
poètes ont pu être sauvés de l'oubli mais là aussi il faut noter que
des incertitudes subsistent concernant l'authenticité des poèmes
attribués à chacun des poètes. En effet, il n'est pas du tout facile de
confirmer, sans aucun risque de se tromper, que tel poème a été clamé
par tel poète. Des chercheurs comme Mouloud Mammeri et Younès Adli ont
certes, effectué des recoupements mais l'attribution des textes est
toutefois à prendre avec des pincettes. Mais ceci dit, la chose la plus
important demeure la sauvegarde de ces textes fondateurs de la poésie
kabyle. Mohamed Ghobrini, bien que très modestement, contribue à cette
entreprise. Sa particularité est d'avoir procédé à la traduction des
textes kabyles vers la langue arabe afin d'ouvrir une brèche perche et
de permettre aux lecteurs des quatre coins d'Algérie de découvrir cette
poésie.
Mohamed Ghobrini estime que tout ce qui se dit sur Youcef
Oukaci jusqu'à maintenant n'est que la partie émergente de l'iceberg et
que beaucoup de zones d'ombre concernant ce poète ne tarderont pas à
être mises à jour. «Il est temps peut- être que toutes les volontés qui
sont à la recherche de l'enrichissement de notre patrimoine culturel et
artistique se concertent et se tiennent la main, en mettant de côté tous
les clivages et divergences», souligne l'auteur. Ce dernier raconte
Youcef Oukaci dans l'un des chapitres du livre en revenant sur les
étapes principales de sa vie. Mohamed Ghobrini revient ainsi sur le rôle
de médiateur joué par le poète qui, grâce à son éloquence et à sa
subtilité, a empêché la guerre d'éclater entre les Ath Jennad, groupe
tampon dont il était issu et une tribu limitrophe. Par ailleurs, Youcef
Oukaci détenait des connaissances en matière de vie sociale dont le code
de la Kabylie, le droit coutumier, l'histoire de la tribu...
«En le
décrivant, une de nos sources n'a pas manqué d'évoquer cet aspect du
poète que sa famille a su conserver, grâce à la retransmission orale, et
ce pendant des générations entières. Il fut à la fois un personnage
mythique et un redoutable guerrier.
Généreux et modeste à la fois,
Youcef Oukaci sait comment s'attirer la sympathie des gens et comment
émerveiller son entourage. Malgré sa bravoure et sa hardiesse, il ne
recourt jamais à la force pour départager les antagonistes», rapporte
Mohamed Ghobrini.