dimanche 21 octobre 2012

La stèle d'Abizar

Présentation sommaire

Selon une légende kabyle, un chef numide "Abizar" aurait érigé il y a des millénaires 4 stèles à son effigie pour délimiter un vaste territoire de Kabylie. Deux stèles ont été retrouvées dès l'époque coloniale dont l'une a gardé son nom, la «stèle d'Abizar». L'autre du même grès que la précédente et d'une exécution tout aussi similaire, proviendrait du même endroit. C'est le fragment supérieur d'une tabula sculptée. Elles auraient plus de 2000 ans, et il a fallut attendre presque un siècle et demi! pour découvrir une troisième à Adekar en janvier 2008.

Historique

Lorsque le duc de Malakoff visitait la grande Kabylie, au mois de juillet 1861, il vit à Tizi-Ouzou quelques antiquités qu'on y avait apportées de divers points, parmi elles celle d'Abizar. Ce curieux monument a été découvert en 1858, par le baron Aucapitaine, sous lieutenant au 36e régiment d'infanterie, à Abizar, village des Beni-Djennad bâti sur le flanc très rocheux et abrupt de la montagne, où elle servait de seuil à une porte. Elle avait été trouvé auparavant par un kabyle, dans un des vergers d'Abizar, enfoncé 15cm sous terre. Grâce au capitaine Capifali, elle fut acheminé au village. Et, c'est par les soins du général Thomas, qu'elle fut ensuite transportée à Tizi-Ouzou. Le duc de Malakoff qui en apprécia vivement la valeur, donna aussitôt l'ordre de la diriger avec les autres antiquités, vers le musée central d'Alger, où elles étaient parvenus au courant du mois d'août 1861 et qui y sont aujourd'hui.

Description

La stèle d'Abizar. Symbole d’un art libyco berbère authentique, grès (H. 125, l. 110cm), Kabylie, musée national des Antiquités, Alger.Le bas relief d'Abizar est gravé sur une dalle en grès à contours très irréguliers qui mesure 1m 25 de haut sur 1m 10 de large. Voici la description faite par A. Berbrugger en 1862 dans la revue africaine. (*)
« Le sujet représente un personnage en chasse. La scène comprend. Le personnage principal à cheval occupant avec son coursier toute la surface de la pierre. Une calotte plate lui couvre la tête. Sa barbe triangulaire et très pointue, lui descend sur la poitrine. Stèle d’Abizar-Amnay n Ubizar en kabyle Symbole d’un art libyco berbère authentique, grès (H.125, l. 110cm), Kabylie, musée national des Antiquités, Alger.De la main droite étendue, il porte un bouclier rond, timbré d'un grand cercle au milieu. Derrière ce bouclier, dépassent, à gauche et à droite, les fers et les hampes de trois javelots rassemblés dans la main de ce côté.»
« Le bras droit est tendu en arrière et l'avant-bras relevé à angle droit; sa main est ouverte, les doigts sont en l'air, droits et serrés l'un contre l'autre, sauf le pouce qui est très écarté. Entre ce dernier et l'index, on aperçoit un objet annulaire ou sphérique... D'après la position du bras, cet anneau ou boule semble un projectile qu'on va lancer.»
« Le cheval porte au cou quelque chose qui ressemble fort à un phallus, une espèce d'amulette peut être...»
« Derrière le cavalier, touchant ses reins, sous son bras droit et sur la croupe du cheval, un individu cinq fois plus petit que le héros de la scène (signe conventionnel d'infériorité sociale dans l'iconographie berbère), tient de la main droite une sorte de massue, dans l'attitude de quelqu'un qui va frapper. En avant de la tête du cheval, court un petit quadrupède; un volatile de taille analogue est placé devant ses pieds. On appellerait ce dernier une autruche, s'il était possible, en présence de formes aussi incertaines, de pousser la précision jusqu'à la détermination de l'espèce...»
Les caractères lybico-berbère (Tifinagh) se remarquent en haut et à gauche. Le lieutenant-colonel Hanoteau, philologue berbère dont la compétence des dialectes berbères est connue avait proposé de traduire l'inscription comme suit:
« i ioukar (ou bien, iakous) annouren ifouled mess is » 
 « Annouren rend hommage à son maître »

Puis continuant son signalement, Berbrugger estime à tort ou à raison que « les figures de ce tableau ne sont point disposées par plans réguliers; on les a mises ça et là, selon que le personnage principal laissait de la place. Si quelques-unes paraissent plus petites qu'elles ne devraient l'être, ce n'est pas pour arriver à un effet de perspective; c'est ainsi que nous l'avons déjà dit, pour marquer les inégalités sociales.»




A. Berbrugger, Revaf n°31 6e année tome 6. janvier 1862
Internet,http://www.jijel-archeo.123.fr

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