mercredi 31 octobre 2012

Commandant Aghri Mohamed dit Moh Saïd Ouzeffoun

Moh Saïd Ouzeffoune, de son vrai nom Mohamed Aghri. Ce dernier est né en 1930 au village Ibdache dans la même région. Il fera ses études primaires à l'école d'Azeffoun jusqu'à l'obtention de son certificat d'études. Il se dirige aussitôt vers la vie active pour soulager son père. Il intègre le MTLD où son nationalisme déjà hérité de son père grandit. Il participe à l'organisation de plusieurs attaques ainsi qu'à l'incendie de l'usine de liège d'Azazga la veille du 1er Novembre 1954 où il rejoint définitivement le maquis. Vers 1955, il quitte la Grande-Kabylie pour se rendre à Béjaïa où il organise les 2 zones que compte la région. Chef des zones 1 et 2, il devient par ailleurs chef par intérim de la zone 4. Le 30 mars 1961, après un accrochage de plusieurs jours, il tombe au champ d'honneur avec ses sept compagnons à Ighil Boukiassa dans la région d'Ifigha, près d'Azazga. Moh Saïd Ouzeffoun est tombé au champ d'honneur en compagnie de Hadadj Djaâfar, Meziani Mohand Ameziane, Maouche Tahar, Mahfouf Larbi, Souchene Mohand Arezki, Alik Rabah et Melab El Hachemi.
A Tizi-Ouzou, tout le monde connait le nom du chahid Moh Saïd Ouzeffoun d'autant que l'une des rues les plus importantes de la ville porte son nom.

Queques photos rares de Moudjahidines de Timizart





«L’Histoire appartient aux générations futures»


Entretien avec M’hend Ameur, commandant de l’ALN


Mhend Ameur, dit M’hend Yakouren, commandant de l’ALN, livre dans cet entretien ses souvenirs de la guerre de libération. Lui qui a participé à plusieurs actions armées contre l’armée coloniale, relate ces faits historiques. Il estime qu’il est de son devoir de léguer ces événements aux générations futures.

La Dépêche de Kabylie : Racontez-nous comment vous avez préparé le 1er Novembre 1954 ?
M’hend Ameur : Il faut d’abord souligner que l’Histoire est vitale dans la vie d’un pays. Je vais vous raconter, grosso modo, comment a été préparé le 1er novembre et le déclenchement de la révolution. Les préparatifs directs ont pris pas mois de deux mois d’activités. C’est dire que le déclenchement de la révolution n’a pas été préparé dans la célérité, mais les événements qui devaient se tenir durant la nuit du 31 octobre au 1 Novembre 1954, ont été préparés, minutieusement, deux mois durant. Nos responsables, à cette époque, ont multiplié les rencontres et les réunions. Dans notre région, celle d’Azazga, c’était le chahid Ali Mellah qui était le 1er responsable. Je ne sais pas si Ali Mellah a reçu des instructions dans ce sens ou non, mais, on avait une activité chaque semaine. Lors des différentes réunions, Ali Mellah mettait l’accent surtout sur l’éducation et la préparation des militants. D’autres réunions ont eu lieu, effectivement, dans d’autres villages de la région, et elles rentrent toutes dans le cadre de la préparation du déclenchement de la révolution, comme à Achouba, Handou ...
La dernière rencontre, je me souviens, a eu lieu au village Handou. Elle a regroupé plus d’une soixantaine de militants nationalistes. Je me souviens aussi qu’Ali Mellah nous a demandé de venir, la veille du 1er novembre, munis de nos affaires, car, il faisait froid et il nous a dit que peut-être on aura des activités ailleurs, donc, il fallait se préparer. Comme il a été convenu lors de la dernière réunion, le jour J, tous les militants venus de toute la région, se sont rencontrés au lieu décidé auparavant. Ce jour-là, je me souviens encore, ce ne sont pas tous les militants qui ont été conviés à ce rendez-vous, mais juste une partie. Il a choisi deux à trois militants de chaque village de la région. A notre arrivée au lieu du rendez-vous, il n’y avait pas eu de réunion. Lors du rassemblement, nous étions, je pense, 45 éléments. Ils ont formé 3 groupes. A mes cotés, il y’avait Mohand Saïd d’Azeffoun, qui fut un ancien militant, il est tombé au champ d’honneur avec le grade de commandant, que Dieu ait son âme. Ali Mellah lui a demandé d’avancer vers lui, donc, devant les autres éléments du groupe, pour lui dire que dorénavant, tu es le chef de ce groupe.
Dès cet instant, Ali Mellah décida alors de nous expliquer ce que nous allions faire.

Donc, c’est à ce moment que vous avez su ce que vous alliez faire ?
Effectivement, c’est à ce moment que les directives de notre responsable sont venues. Il a déclaré qu’à partir de ce jour là, nous allions faire des actions qui n’ont jamais eu lieu dans notre pays. On ne savait pas que c’était le déclenchement de la révolution même si nous avions des doutes. Le groupe de Mohand Saïd a été instruit de mettre le feu au dépôt de liège de Azazga, un autre groupe allait harceler l’administrateur et le groupement de gendarmerie coloniale. Le dernier groupe a été divisé en deux sections, l’une attaquera les poteaux de fils de téléphone et l’autre s’occupera de la sécurisation de la route menant vers l’Est, plus exactement vers Bgayet. Je faisais partie du groupe qui s’est attaqué à la gendarmerie. Avant notre départ, Ali Mellah a insisté sur le fait qu’aucune action ne sera entreprise avant minuit tapante, soit, le 1er Novembre 1954. On avait seulement deux armes à feu avec nous.
Après l’attaque de la gendarmerie et de l’administration, on nous a demandé de nous replier vers Timizart de Sidi Mansour. Chaque groupe devait se rendre tout seul, sans être accompagné par les autres.
A notre arrivée au village de Timizart, ils nous ont conduits à la maison de Chaïeb Ahmed, dit Bouzal. Chez lui, il y avait Ali Mellah qui nous attendait. Je me souviens qu’il nous a dit qu’il est 3h 45. Après les remerciements, il nous a dit que la révolution ne fait que commencer, mais, même si nous ne sommes que 45 personnes, nous ne devons pas tous prendre le maquis, nous devons, mobiliser les citoyens. Ceux qui n’étaient pas recherchés devaient retourner chez eux pour ce travail. Je reprends ce travail jusqu’en 1955.
En 1947, 48 la mobilisation autour du PPA a fait que l’armée coloniale a arrêté beaucoup de militants. Sur ce point, Ali Mellah nous a demandé de reprendre contact avec ces vieux militants et leur donner des responsabilités au sein de l’organisation. On a pris effectivement contact avec eux sans aucune difficulté et je pense que la révolution s’est organisée ainsi en Kabylie. Par ailleurs, des réunions ont eu lieu pour prendre contact avec les groupes de militaires dans le but de ne pas provoquer les accrochages, afin d’avoir le temps de mobiliser les citoyens.

Justement, comment les autres citoyens ont-ils fait face à cette nouvelle donne ?
Pour tout dire, là où j’ai activé, du moins dans ma région, on n’a pas eu de difficultés pour rallier les citoyens à notre cause commune. La présence d’anciens militants nationalistes dans nos villages a fait que notre mission de les convaincre s’est avérée aisée. Ce sont les anciens qui préparaient le terrain pour les nouveaux militants. Ce travail d’équipe a vraiment facilité le contact, le soutien et l’adhésion des citoyens à la cause nationale. En 1955, 90% des citoyens ont soutenu la lutte pour l’indépendance, qui avec ses moyens logistiques, qui avec son argent, qui avec des informations, sans parler de ceux et de celles qui ont rejoint les rangs des combattants.

Quelle était la position des Messalistes vis-à-vis de votre action ?
Ce ne sont pas tous les militants qui étaient au courant de ces dissensions et désaccords entre les militants, sauf ceux qui étaient dans l’action armée. Au bout d’un moment, on a eu des circulaires qui nous expliquaient le réel problème. Cela nous a permis aussi de bien expliquer aux citoyens d’une manière sûre la justesse du combat libérateur. Ces circulaires indiquaient que Messali ne voulait pas d’actions armées pour l’indépendance…
Au bout d’un moment, l’option messaliste a été délaissée par la majeure partie de ses anciens militants au profit de la ligne du FLN. Ali Mellah, comme il était bien instruit, insistait toujours sur le dialogue avant toute autre chose avec ces militants du MNA.
On tenait des réunions chaque semaine afin de faire table rase de tous les problèmes. Il nous demandait de privilégier le dialogue afin d’éviter l’affrontement. Il pensait aussi à la rancune. Il y avait des dépassements à l’encontre de certains de ces militants du MNA, mais ils étaient des cas vraiment isolés. Notre responsable nous disait qu’il fallait voir avec ses amis, sa famille et autres personnes proches pour le convaincre, afin d’éviter un embrasement. Il pensait à la rancune qui survivra à ces événements et qui sera léguée à plusieurs générations.
Vers juin-juillet 1955, la plupart des villages de la région étaient acquis au combat libérateur.
Un peu moins d’une année après le déclenchement de la révolution, on travaillait dans les refuges pour accueillir les moudjahidine. La tâche était ardue, car, seuls les militants étaient en contact avec les moudjahidine, ce qui fait que les procédures de sécurité étaient telles qu’on ne pouvait pas être très efficaces sur le plan d’action. En 1955, une décision a été prise et concernait essentiellement une tournée des moudjahidine à travers tous les villages afin de prendre attache avec la population.

Concernant votre engagement, vous avez dit que vous aviez pris le maquis en 1954, une année plus tard, vous revenez, mais depuis qu’est ce que vous avez fait ?
Comme j’étais commerçant à Yakouren, un harki m’avait dénoncé à la brigade de gendarmerie de la région. Donc, depuis j’étais recherché par les forces coloniales.
Les gendarmes devaient encercler mon restaurant, qui été mitoyen d’une boucherie que je gérais. Mais une épouse de l’un de ces gendarmes m’avait informée de mon arrestation.
Cette femme, je me souviens, était enceinte et elle avait envie de manger de la cervelle de mouton. Un jour, elle rentre dans ma boucherie pour achat et elle m’avait demandée de la lui procurer. Je lui avais donné rendez-vous pour le lendemain. Elle revint, comme prévu, le jour-J et je lui avais remis la commission. Depuis, à chaque fois, elle revenait pour s’approvisionner en viande chez moi, un jour, elle m’avait demandé mon nom et elle m’avait dit que son mari, qui était gendarme, l’a informée qu’ils allaient m’arrêter.
Je lui avais demandé la raison de mon arrestation, elle m’avait répondu que c’est à cause de mon travail avec les fellaghas. Aussitôt, je me rends chez un ami boulanger qui était en face de mes boutiques et je suivais la scène de l’encerclement des gendarmes de ce lieu, sans pouvoir, tout de même m’arrêter. Depuis, j’ai rejoint le groupe qui activait dans la région. Il y avait Si Moh Arezki, originaire de Timizart de Sidi Mansour, comme chef de groupe. Un des moussabline avait informé le chef du groupe de mon arrivée et juste après mon arrivée, il m’a donné le grade de caporal.

Vous vous êtes rendu, plus tard, en Tunisie avec un groupe de moudjahidine ?
Depuis ma reprise des activités dans le maquis, j’ai activé dans la région de Yakouren, comme chef de groupe, ensuite, j’étais muté vers le secteur d’Azeffoun jusqu’en 1957, avant de me rendre, effectivement en Tunisie pour une mission.

Donc, depuis 1955, vous avez participé à toutes les opérations dans la région ?
Oui, effectivement, j’avais participé à toutes les opérations organisées dans la région. Et surtout les embuscades, car, je les dirigeais parce que je suis de la région et je la connais assez bien. J’avais même participé à des embuscades dans la région d’Azeffoun après mon affectation dans cette région, vers août 1957. Lors de mon arrivée au village Azrou de Yakouren, comme souligné dans la convocation que j’avais reçue, j’avais trouvé une section. J’avais rencontré un certain Moh Lounes qui était sergent-chef originaire d’Azeffoun. Il était ancien militaire à l’armée française, que Dieu ait son âme. Il m’avait dit que je tombais à point nommé, car, il préparait une embuscade et il attendait mes conseils sur le lieu et la manière de la réaliser. J’avais dirigé l’opération comme point essentiel, avoir un moudjahid pour chaque camion du convoi. Un de nos éléments, originaire de Bouzeguène, il s’appelait Lahlou, est venu en rampant vers moi, pour me dire que les responsables m’ont désigné pour partir en Tunisie. Je l’avais engueulé car, je n’avais pas envie d’entendre cette information au moment d’une embuscade.
L’embuscade fut une réussite et on s’est replié vers le village Azrou où j’étais convoqué. A mon arrivée, j’avais retrouvé tous les responsables, y compris le colonel Amirouche, qui était commandant à l’époque, Si Abdellah, Briruche…

C’était la première fois que vous rencontriez Amirouche et son équipe ?
Non, j’avais, auparavant rencontré Amirouche au mois d’août 1956, quelques jours avant le Congrès de la Soummam.
Si Abdellah, était originaire de Ibeskriène, donc, responsable de toute la région, que j’ai connu depuis un moment. Il m’ont reçu, avec Mohand Oulhadj avec le grade de capitaine, que j’ai connu bien avant le déclenchement et c’était lui qui m’a surnommé M’hend de Yakouren.
J’ai demandé auprès d’eux les raisons de ma convocation, ils m’ont dit que «c’est cela la guerre !». Ils m’ont informé que j’étais désigné pour aller en Tunisie, mais ils ont refusé, car, ils voulaient me désigner dans la compagnie de choc, que dirigeait le commandant Moh Ouali. J’ai refusé le fait de ne pas partir en Tunisie, même si je savais qu’ils avaient besoin de moi dans la compagnie. Je les ai suppliés pour qu’ils me laissent partir en Tunisie. Après un moment, ils ont accepté ma proposition.
J’ai pris le chemin vers la Tunisie, sans arme, car, la mission était de ramener les armes, malgré les difficultés rencontrées durant tout le périple. Chaque groupe avait seulement trois armes pour assurer sa défense. Nous nous sommes donné rendez-vous à Illoula, à Sidi Wadris. Il y avait Amirouche et Briruche avec les grades de commandant. Ils ont réuni tous les groupes qui devaient prendre part au voyage, et le 14 septembre 1957, ils ont désigné la compagnie, avec son chef qui allait en Tunisie. J’étais nommé sergent-chef et chef de section.
Durant le voyage on avait eu des problèmes avec les agents de liaison surtout en wilaya II.
Avec nous, il y’avait un groupe de 45 étudiants qui devaient faire le voyage avec nous vers la Tunisie afin de suivre leurs études. Il fallait bien souligner la présence de ces étudiants avec nous. Aujourd’hui, la majeure partie de ces étudiants sont cadres et responsables. On a fait le voyage dans des conditions très difficiles. On a même perdu des hommes, notamment, au moment de franchir la ligne Morris juste à la frontière. C’était une souffrance terrible à supporter, mais on avait tenu le coup. D’autres avaient péri à cause de la faim et du froid, puisque c’était l’hiver. Le voyage a pris environ 78 jours. Je me souviens qu’un jeune étudiant, Abbas Mehiedine, aujourd’hui avocat, était vêtu d’une tenue légère. En arrivant à Souk Ahras, il n’avait plus de chaussures, usées durant le long voyage, en plus, il n’avait que 14 ans. Il a été blessé aux pieds et il ne pouvait marcher. J’ai été voir le chef du refuge où on avait été accueillis, cet homme avait un hangar de blé, pour lui demander de m’aider à secourir le jeune Abbas et de lui trouver des chaussures. Je dois avouer, que ceux qui nous ont accueillis avaient refusé de nous donner à manger, car, d’abord, ils ne savaient pas que nous étions des moudjahidine, ensuite, ils n’avaient pas grand-chose à nous offrir. Mais le responsable du hangar nous avait donné la permission de manger du blé que nous avions bouilli dans un récipient de fortune. En fouillant dans le hangar, j’ai trouvé un bout d’une peau de bœuf. J’avais demandé au responsable du hangar si je pouvais l’utiliser pour fabriquer, à la manière traditionnelle des chaussures pour le jeune étudiant. Il a accepté et j’ai pu fabriquer, effectivement, une paire de chaussures pour le jeune Abbas et pour trois autres étudiants.
Ces jeunes avaient porté ces paires de chaussures jusqu’à Tunis.

Avez-vous rencontré les responsables du FLN installés à Tunis ?
D’abord je dois signaler qu’en arrivant en Tunisie, j’étais dans l’obligation de revenir en arrière pour cause d’un jeune étudiant égaré. Il s’appelait Cheikh Aberkane. De son vrai nom Mohand Saïd, originaire de Bouzeguène. Un sergent-chef qu’on appelait «Couscous», m’avait dit qu’il est mort ou qu’il n’avait pas franchi la ligne Morris. J’avais la certitude qu’il était toujours vivant et dès lors, j’avais décidé de rebrousser chemin pour le chercher. Le chef de la compagnie, Hocine, de Larbaâ Nath Iraten, n’avait pas intervenu dans mes débats avec «Couscous» qui avait un point de vue complètement différent du mien, au sujet du jeune étudiant. Le chef de la compagnie n’avait pas l’expérience nécessaire pour mener à bien une telle mission, mais il était d’un courage exemplaire.
J’étais sûr que le jeune étudiant était vivant, car, c’était moi qui ai coupé le fil électrique de la ligne Morris pour leur permettre de passer et je me souviens que le jeune étudiant était passé devant moi. J’ai même tenté de l’aider car il avait peur que les fils l’électrocutent. C’était une certitude chez moi, donc, je devais revenir en arrière, à mes risques et périls pour le retrouver. J’ai pris le chemin du retour durant trois jours, en suivant l’itinéraire de l’aller pour tenter de le retrouver. J’étais accompagné de deux autres djounouds.
Après trois jours de recherche, on avait retrouvé la trace de notre étudiant, dans un endroit où des gens nous ont informés qu’il a pris un autre chemin, autre que celui que nous avions emprunté. On l’avait effectivement retrouvé, hébergé chez deux vieux qui avaient pris soin de lui. On avait passé la nuit avec eux et le lendemain, on avait pris refuge aux côtés de la route nationale, dans un endroit qu’ils appelaient Gambetta. On avait marché toute la nuit et au bout d’un moment on avait décidé d’observer une halte pour se reposer. C’était la nuit, car, des convois militaires français passaient, vers l’aube, chaque minute. A quelques encablures de cet endroit, on avait retrouvé des femmes qui paraissaient inquiètes par notre présence. On avait essayé de leur expliquer jusqu’à la venue d’un jeune et de son père qui avait pris soin de nous, auparavant. J’avais essayé de convaincre cet homme de nous accompagner, mais en vain. De loin, on apercevait un village mais, cet homme nous avait informés qu’ils sont tous harkis qui avaient pris les armes contre le FLN. Ce village dépendait de Souk Ahras.
J’ai insisté auprès de cet homme pour le convaincre de venir nous accompagner mais sans résultats jusqu’a ce que son fils accepte à condition de le laisser partir avant l’entrée du village. Ce qui fut fait, le jeune nous avait quittés après avoir donné un aperçu du village et surtout les postes de gardes de l’armée coloniale. Il nous avait aussi informés que des maisons se situaient à la sortie du village. Nous étions donc à quatre à mettre les pieds dans ce village qui nous est complètement étranger et surtout hostile. J’avais décidé de rentrer seul au village et tenter de forcer un des villageois de venir nous accompagner. Au milieu du village, en pleine nuit je distingue un rond-point, soudainement une porte s’ouvre derrière moi. La peur m’avait paralysée. J’apercevais une vieille qui sortait. En l’abordant en arabe, elle m’avait dit qu’un groupe veillait juste dans une maison toute proche. Je l’avais accompagnée sans savoir où je me dirigeais. Je ne savais quoi faire. Au bout d’un moment j’entendis des éclats de rire, et on retrouve une porte ouverte. J’avais perdu mon sang froid, jusqu’au moment où j’aperçus des armes accrochées au mur. C’était là où il m’était venu à l’esprit ce que l’homme de l’autre village m’avait dit concernant ces villageois.
Une dizaine d’hommes armés devant moi. J’avais serré mon arme contre moi, devant ces hommes complètement ébahis de ma présence. Un homme qui était assis loin de nous m’avait demandé d’où je venais ? J’avais répliqué en lui disant que je venais de l’ouest. Il m’avait demandé les motifs de ma venue. Je lui répondis que je cherchais un contact, car je ne connaissais pas la région. Il voulut s’emparer de son arme avant que je leur dise de rester à leur place, car autrement, je serais dans l’obligation de tirer sur eux. Ils m’avaient indiqué qu’ils sont des leurs (les harkis).
Ils étaient au courant que j’étais moudjahid et ils m’avaient dit qu’ils ne pouvaient pas me donner le moindre contact. «Malgré que nous étions moussabline avec les moudjahidine, mais des événements ont fait que nous avons changé de camp», m’ont-ils dit. Je leur avais dit que malgré cela, ils sont toujours nationalistes, pour les caresser dans le sens du poil.
Ils avaient refusé de m’aider mais à un moment, un de ces éléments a appelé un certain Boularas pour venir nous accompagner. Il avait pris sa mitraillette. Mais les trois éléments qui étaient avec moi avaient pris la fuite à cause du retard, ils pensaient que je m’étais rendu. Notre accompagnateur pensait que nous étions nombreux. Nous l’avions suivi jusqu’à la route nationale où se trouvait un autre refuge. Pour rire, un de mes compagnons n’a pas cessé de pointer son arme vers moi, il pensait que je m’étais rendu. Au bout d’un moment, je retourne vers lui et je lui dis, si tu continues à pointer ton arme sur moi, je te mets une balle dans la tête. Une chose qu’il répétait même après la guerre.
Il nous a montré le refuge, je frappe à la porte, un homme ouvre et dés qu’il a vu notre accompagnateur, il le traita de traître ! «Tu es venu avec des militaires», lui reprochait-il. J’intervenais entre eux pour lui expliquer que nous, nous étions des moudjahidine. Notre accompagnateur ne voulait pas rester malgré notre insistance. A la fin, on a conclu un marché, selon lequel, ce harki allait nous protéger contre les Français et nous ferions de même pour lui, contre les moudjahidine.
A notre arrivée à destination, je lui signe un laissez-passer pour qu’il circule en toute quiétude, s’il venait à rencontrer des moudjahidine.
Grâce à ce moudjahid, deux jours après nous avions pu rejoindre la Tunisie au bout de seulement deux jours de route sur dos de mulets.
En Tunisie, nous étions à Tidjerouine. Le harki qui nous accompagnait, après son retour chez lui avait montré le laissez-passer à ses amis, qui l’ont rapidement utilisé pour rejoindre la Tunisie et rallier le Front. Je l’ai revu en 1964 lors d’un stage que j’avais effectué à Cherchell. Durant la révolution, ils sont devenus de grands responsables et d’héroïques combattants.

Comment a été le chemin du retour de Tunisie ?
D’abord à notre arrivée, les étudiants avaient été transférés vers des écoles en Iraq, Libye, Syrie…, et nous les militaires, vers Ghardimaou durant deux mois. Après l’arrivée des armes, nous avions pris le chemin du retour. Au début, ils nous ont donné même l’arme lourde, sur dos de mulets. Lors d’un accrochage, un autre groupe avait perdu beaucoup d’hommes. Le chef de ce groupe nous a informés qu’il est impossible de traverser avec ces armes. 15 jours plus tard, nous reprenions le chemin mais quelle fut notre surprise en découvrant que la ligne Morris était renforcée. Deux compagnies de la wilaya III étaient à cet endroit. Même la sécurité de la ligne était renforcée. En trois compagnies, nous décidâmes de franchir la ligne et rentrer en Algérie. Nous avions perdus 50% de nos effectifs des trois compagnies. Ce qui représente 200 hommes. Parmi ces 200, il y avaient ceux qui n’ont pas pu franchir la ligne.
La forte présence des chars blindés sur la ligne a fait que cet endroit est devenu un tas de tranchées qui nous stoppaient à chaque tentative d’avancée.
Sur le lit de Oued Seybous, les crues emportaient tout sur leur passage. Nous avions des cordes avec nous pour nous permettre de passer en groupe. Je me souviens qu’un militaire des At Jennad était le dernier qui s’est accroché à la corde, essoufflé, il lâcha la corde en emportant 4 autres avec lui.
Après une nuit d’attente, l’armée coloniale encerclait les lieux avec des armes lourdes et même l’aviation. Vers 9 h, ils mirent la main sur notre chef de section, lequel nous demandait de nous rendre. A midi tapant, l’accrochage commence. Vers 14h, ils ont envoyé les avions. Une journée après, ils ont tué tous ceux qui étaient là-bas. Nous avions perdus presque 150 hommes lors de cet accrochage.

Vers quelle date étiez-vous rentrés en Kabylie ?
Je pense que c’était le mois de mars 1958. En wilaya III, au village Ouled Moumen, au nord de Sétif, en petite Kabylie. Nous avions retrouvé Laifa, chef de région qui nous a aidés. Il nous a même donné une escorte après notre départ. Le chef du refuge nous apprend que Amirouche était à Zemoura et qu’il était au courant de notre arrivée.
Amirouche est venu nous voir. Nous étions 23 alors qu’au départ nous étions 125. Amirouche avait les larmes aux yeux, il nous a dit «allez fils de femmes kabyles».

Quel souvenir gardez-vous du colonel Amirouche ?
J’ai connu Amirouche en 1956, lorsque j’étais chef du groupe de Yakouren. Nos frontières étaient à Assif El Hammam. Nous avions eu des problèmes avec les militants de cette région qui avaient assassiné quelques uns de nos militants. Si Abdellah et Briruche nous ont dit qu’il ne faut pas les laisser venir dans notre région. Au bout d’un moment, les responsables s’emparèrent de cette affaire. Ils convoquèrent une réunion pour résoudre ce problème à Assif El Hammam.
Ce jour-là, Amirouche était venu avec le commandant Kaci, même si à cette époque il n’y avait pas de grades. Au village des At Yahia Youcef, une réunion fut programmée. Amirouche et les autres arrivèrent. C’était vers le mois d’août 1956.
Si Abdellah m’avait demandé de donner ma version en expliquant le problème. Amirouche avait demandé à Si Abdellah de présider la réunion. Ils ont mis fin au problème en mettant des gardes fous pour les deux régions. Amirouche avait quitté la réunion bien avant sa fin, car il avait affaire ailleurs.

Une dernière question, êtes-vous convaincu de ce qui s’écrit sur l’Histoire de la guerre ?
Je pense que ce que j’ai écris sur cette période m’a convaincu, mais il n’en demeure pas moins qu’il faut lire et écrire davantage. Je vais donner encore mes témoignages en écrivant d’autres ouvrages qui pourront être exploités par les spécialistes.
A force de lire et d’écrire, des événements reviennent dans ma mémoire et cela me permet de les écrire. Durant la guerre, j’avais mon cahier journal où j’écrivais tout, et cela m’a aidé à écrire sur ce que j’ai vécu et vu.
Pour terminer, je dirais que l’Histoire appartient à la génération d’aujourd’hui et à celles de demain et non pas à nous. Il est de notre devoir de la léguer à ces générations !
Entretien réalisé par Mohamed Mouloudj

mardi 30 octobre 2012

Timizart, pionnière des producteurs du lait frais.

 Selon le communiqué de la 10ème session d’évaluation des contrats de performances des wilayas du samedi 09 juillet 2011, du Ministère de l’agriculture et du développement rural.

 La production enregistrée au cours des trois trimestres de la présente campagne 2010-2011
a atteint plus de 2.19 milliards de litres de lait, toute production confondue, pour un objectif
global annuel retenu au titre des contrats de performances (2011) de 2,73 milliards de litres
de lait.  

La collecte de lait cru concerne 979 communes, les trois communes où la collecte mensuelle est la plus importante sont : Les communes de Timizart (853.000 litres/mois) et Fréha (696.000 litres/mois) dans la wilaya de Tizi-Ouzou et la commune de Blida (650.000 litres/mois).

Vu l'importante surface des pâturages, l’élevage constitue un secteur économique important dans la commune.La prospérité de cette filière a réussi grâce aux investisseurs privés, en commençant par les petits éleveurs, les collecteurs particuliers jusqu'aux centres de collectes mis en place par les usines de transformation de lait.
 Le regard des autorités doit être tourné vers ces gens qui veulent investir dans l'agriculture, en leur accordant des aides financières et des formations afin d’améliorer plus encore la production.

  

mercredi 24 octobre 2012

Djilali Hamama




Djilali Hamama, un jeune chanteur du village Abizar en Kabylie qui a su s’imposer sur la seine. Le large public le découvre en son premier album intitulé « isufa », qu’il édita à son propre compte après qu’aucun éditeur n’a accepté de le prendre en charge, c’été en 2001 année des événements de la Kabyle qui n’ont pas influencé sur la vente de l’album. Depuis, Djilali, chaque année offre un nouveau produit à ses fans.
Des chansons qui parlent d’amour et de  jeunesse avec un style de musique propre comme il dit lui-même à la région. Un chanteur dynamique, qui parque sa présence chaque fois qu’il est invité. Une voie qui le mènera vers une réussite plus grande encore que celle qu’il vient de conquérir.     

Lire les articles de presse dont on parle de Djilali Hamama

                                                  Djilali Hamama à Takerboust                                                              

La Dépêche de Kabylie : D’abord, quelles sont vos impressions ?
Djilali Hamama : (Sourire !) Je suis très content de venir chanter ici à Takerboust, et c’est ma première apparition. Je suis très à l’aise et je trouve les gens très accueillants, et ça me touche. Je remercie au passage les organisateurs.
Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur votre parcours ?l Comme tous les chanteurs, j’étais très jeune quand j’ai commencé à chanter mais ma carrière a réellement commencé en 2001, année durant laquelle j’ai enregistré mon premier album chez Irath Music, puis un second «Itatle lhal» en 2002, et un troisième en 2004, et actuellement, je prépare un cinquième album, qui sortira bientôt, probablement après l’été, période caractérisée par les albums de fêtes.
Par vos textes, vous ciblez pratiquement un large public composé essentiellement d’adolescents et de jeunes. Qu’est-ce que vous en pensez ?l C’est exact. Je m’adresse à un public jeune, car je fais partie moi-même de cette catégorie de jeunes, et j’ai vécu cette crise sentimentale connue de tous les adolescents. Et concernant les textes et les sujets que je traite dans mes chansons, je ne m’éloignerai pas, je resterai fidele à ce choix, et je l’assurerai pleinement.
Quel sont les chanteurs qui vous ont influencé ? Et par rapport à votre style ou vous situez-vous ?l Concernant le style, je me rapproche beaucoup plus du style de ma région Ath Djenad, très connue, représentée par Hamidouche, Fahem Med Saïd, Rahim qui m’ont certes influencé, quoique j’ai essayé d’élaborer mon propre style.
Comment voyez-vous l’avenir de la chanson kabyle ? Et quel est l’apport de la nouvelle génération de chanteurs kabyles ?l Il y a ceux qui disent que la chanson kabyle est en déclin, d’autres parlent de l’invasion de chansons raï. Certaines réalités sont dures à avaler, car, nous les Kabyles, nous y avons quelque part contribué, on est tous responsables. Pourquoi ? Parce que, nous les chanteurs, on ne coopère pas et on est plutôt éparpillés, mais oublions pas que beaucoup de chanteurs kabyles font énormément d’efforts et du bon travail.
Un dernier mot.l Je souhaite que certaines mentalités disparaissent et c’est à nous de les faire disparaître, et j’aimerais bien que les choses changent vers le mieux et que la chanson kabyle retrouve sa place de prestige. Je souhaite un avenir propice pour les jeunes, ainsi que pour notre pays.
Entretien réalisé par Djamel M. |la dépêche de Kabylie le 9 Mai 2005

                                                  Nouvel opus de Djilali Hamama                                                          

Djilali Hamama, le jeune artiste qui s’est distingué ces dernières années avec fracas dans le monde de la chanson kabyle, vient de signer un nouvel album dont le titre est Arevhiw (mon bonheur). Le nouveau produit qui a reçu un franc succès sur le marché, est composé de six titres, à savoir Arevhiw, Thekfid a tamzi (la jeunesse qui s’éclipse), Oussan n Saâda (les jours vécus ensemble), Our sekar (ne dit point), Arayiw (ma responsabilité) et Gtiyi a tsrugh (Laissez-moi pleurer).L’artiste qui a su percer sur la scène artistique grâce à un style propre à lui, est resté fidèle à sa ligne artistique. Hamama chante dans un style folklorique. Le secret de sa réussite est dans le contenu de ses textes et de l’âme qui se dégage de sa musique, à travers une voix sincère et plaignante. Le gros de ses chansons est dédié à l’amour. En traitant ce volet avec sensibilité, le chanteur a su conquérir les cœurs de plusieurs milliers de fans, qui lui sont fidèles et dont le nombre augmente chaque jour. Dans Arevhiw, l’artiste exhorte la bien-aimée à la patience.“Ne désespère jamaisLa tristesse ne durera pasViendra le jour où elle me quitteraSache qu’on ne peut empêcherTout ce qui est écrit”C’est en ces termes que le refrain chanté en duo avec Linda est composé, accompagné d’un rythme d’ambiance et de tristesse à la fois. L’artiste a tenté aussi, dans cet album, d’introduire de nouveaux instruments tels que le nai, joué par Youcef Saou et le luth, joué par Ali Ferhati. Loin du synthétique, l’introduction de ces nouveaux instruments a donné plus d’âme aux chansons, dont parfois les mélodies oscillent entre le folklore et le charqi (l’oriental).Dans Temzi (la jeunesse), l’artiste chante cette tranche de vie capitale, qu’on voit s’éclipser et en se sentant impuissant devant la force du temps.En somme, à travers ses chansons, Hamama traite des sujets qui ont trait aux différents thèmes de la vie en société. Il est jeune, plein de succès. Devant lui, les horizons sont prometteurs.Probablement en quête d’inspirations nouvelles, le chanteur a choisi, ces derniers mois, de s’installer dans la magnifique ville de Tigzirt tout en promettant de nouveaux succès, égal à lui-même.

                                           M. H, la depeche de kabylie le 14 Mai 2006                                               

                   “Sshesbegh” le nouveau succès de Djilali Hamama                                                   
Le célèbre et jeune chanteur Djilali Hamama, vient de produire un nouvel album sous le titre Sshesbegh (contrariété).
L’œuvre mise sur le marché depuis jeudi dernier est composée de neuf titres, à savoir Maci akagh sshesvagh (contrariété), Yeqqed (meurtri), A dunit (o ! vie), A Sidi (les saints vénérés), Imuden (les cœurs malades), L’jerh (la blessure), Ussam (l’espoir perdu), Inebgi Rrebbi (le mendiant de l’amour). Ainsi, Djilali Hamami est resté fidèle à lui-même et à son style. Son genre musical est une combinaison entre oriental et folklore. Sa poésie est bien cousue. Il fait appel dans la composition de ses textes à des métaphores pour illustrer et même mystifier ses pensées de poète-chanteur.
Le chanteur a fait appel pour cet album à des musiciens professionnels tel que Madjid Halit. La chanson-phare a été composée en duo avec Taous. Le secret de la réussite de Djilali Hamami réside certainement dans l’humilité de l’artiste. Avec des mots simples et des airs musicaux inspiré par le cœur, le chanteur a su faire passer à chaque fois ses messages il chante tout haut, ce que la Kabylie profonde pense, particulièrement dans la vie de tous les jours et l’amour. La majorité des chansons ont été dédiées à l’amour. Dans sa chanson A Sidi (les saints vénérés), l’artiste a rendu hommage et a évoqué les saints marabouts, tels Sidi Mansour, Sidi Khaled, Sidi Djaâfar etc. La chanson Inevgui Rebi (le mendiant de l’amour), évoque cette personne en quête de sa bien-aimée. Il implore qu’on ouvre ces horizons fermés qui obstruent sa marche vers l’amour et la vie auprès de sa bien-aimée... Avec modestie, le chanteur nous a déclaré sa satisfaction de la réussite de sa nouvelle production, pour laquelle il a consacré plusieurs mois de travail. Au premier jour de la distribution du produit, plus de 10 000 exemplaires entre CD et cassettes ont été écoulés et les stocks épuisés. Cela nous renseigne suffisamment sur la place considérable qu’occupe cet enfant des Ath Djennad sur la scène artistique.
Par ailleurs, suite aux sollicitations du public, notre journal consacrera une interview à l’artiste Djilali Hamama dans les tout prochains jours.

                                       Mourad Hammami, la depeche de kabylie, le 13 Juin 2008                          


                                    DJILALI HAMAMA (CHANTEUR)                                                                
                      «Mon style est spécifique à la région de Ouaguenoun»                                                 


 Le jeune chanteur kabyle, Djilali Hamama, est la preuve vivante qu´on peut conquérir le coeur de milliers de fans sans bénéficier d´une quelconque médiatisation ou de passages répétés à la télévision ou à la radio. Cet artiste talentueux est l´un des meilleurs de sa génération. Dans cet entretien, il revient sur son parcours et ses succès.
L´Expression: A quand remonte la sortie de votre premier album?
Djilali Hamama: J´ai commencé réellement en 2001 avec l´album intitulé Issufa. Malgré les événements qui ont lieu cette année en Kabylie, l´album a très bien marché et a été réédité plusieurs fois. Aucun éditeur n´a voulu le prendre. J´ai été obligé d´avoir recours à l´autoédition. Après le succès de cet album, les éditions Irath Music m´ont contacté pour le rééditer avec un grand tirage afin de répondre à la demande. J´ai accepté, car je ne pouvais plus m´occuper de tout. J´ai pu avoir ma place malgré la sortie de plusieurs albums dont certains étaient liés à l´actualité comme l´album d´Oulahlou Pouvoir assassin. Il y a eu aussi la sortie de la cassette de Si Lakehal, qui était un album spécial fête qui a très bien marché aussi. Malgré tout, mes chansons ne sont jamais passées à la radio Chaîne II à l´époque et il n´y avait pas encore Brtv.
Par la suite vous êtes passé à la Radio Chaîne II...
Effectivement. C´était en 2004. La chaîne II a commencé à diffuser mes chansons à la demande des auditeurs.
Depuis 2001, vous produisez chaque année un nouvel album, n´est-ce pas?
Oui. Je me suis fait une règle de signer ma présence annuellement avec un nouvel album. Mon dernier produit est sorti il y a cinq mois. Il s´intitule Amechwar (le parcours).
Quelle est selon vous votre meilleur album?
Mes fans n´arrêtent pas de me dire que mon premier album reste le meilleur. Tout en respectant leur opinion, je suis persuadé que chaque nouvel album est meilleur que le précédent, car avec les années, on mûrit. Quand j´ai débuté, il y avait une faible orchestration. Mais maintenant, en plus de la percussion et la mandole, l´orchestre est riche avec le violon, le nay, le luth, el qanoun, etc...
On dit que certaines de vos musiques sont des reprises de grands artistes orientaux. Confirmez-vous ces informations?
Je suis le compositeur de toutes les musiques que j´ai chantées. Certes je suis un admirateur des artistes comme Kadem Essaher, Majda Erroumi et Abdelwahab Doukali. Mais je n´ai jamais repris aucune de leur musique. La preuve est que toutes mes musiques sont inscrites au niveau de l´Onda.
Votre style est à peu près le même que celui de Ali Ferhati, Moh Oubelaïd et Karim Khelfaoui. Tous des artistes qui sont de la même région que vous, Ath Ouaguenoun. Comment expliquez-vous cette spécificité?
Effectivement, il y a un style très en vogue dans la région de Ouaguenoun et ses environs comme Timizart d´où je suis issu. Il s´agit d´un mélange de musique kabyle, orientale et marocaine.
C´est un peu comme dans les autres régions de Kabylie. Ath Douala, par exemple, est réputée pour, ses artistes très portés sur le style chaâbi. Azazga et ses environs est aussi connue pour le style moderne, etc...Moi, dès que j´ai commencé, j´ai eu un penchant pour les chanteurs que vous avez cités.
Revenons à votre poésie. En vous écoutant, nous avons l´impression que vous ne chantez que sur ce qui vous touche directement. Vos chansons sont-elles autobiographiques?
On peut dire cela. La majorité de ce que je chante a trait à ma vie et à mes préoccupations, mais il arrive que j´ajoute un peu en m´inspirant des expériences des autres.
Qu´en est-il des spectacles que vous animez dans les différents coins de la Kabylie?
Mes galas se déroulent bien. Le public a toujours été au rendez-vous. Par exemple, lors du mois de Ramadhan passé, je me suis produit à la grande salle de la Maison de la culture ainsi que dans les régions de Boghni, Iferhounène et Souamaâ. J´ai aussi chanté à Akbou, Tazmalt, Bouira, etc...
Quels sont vos projets?
Le projet immédiat, c´est le prochain album qui doit sortir dans moins de six mois. Pour l´instant, j´ai composé cinq chansons et je continue à travailler afin d´être fidèle au rendez-vous annuel avec mes fans.
Avant de clore cet entretien, pouvez-vous brièvement raconter vos tout premiers pas, bien avant la sortie de votre premier album?
C´est à l´âge de 15 ans que j´ai joué à la mandole pour la première fois. A 17 ans, je me suis présenté à l´émission de Medjahed Hamid, «Les chanteurs de demain».
Après avoir terminé ma chanson, Medjahed Hamid m´avait dit que je n´étais pas fait pour la chanson. Quatre ans plus tard, je me suis rendu pour la deuxième fois à la même émission. Cette fois-ci, Medjahed Hamid m´a affirmé que ma voix était belle et douce. Peut-être qu´entre temps, j´avais évolué.
Dernièrement, j´ai chanté à l´occasion de l´hommage qui a été rendu à Medjahed Hamid à Timizart. C´est dire que je ne lui tiens pas rigueur.

 Par Entretien réalisé par Aomar MOHELLEBI - Dimanche 26 Septembre 2010 – L’Expression          

                                        Il peaufine son nouvel album avec Madjid Halit                                          
                                                         Djillali Hamama en studio                                                             

Les fans de Djillali Hamama seront sans doute réjouis et heureux de la nouvelle. Leur artiste préféré est entré en studio depuis une dizaine de jours pour entamer l’enregistrement de son nouvel album dont il prévoit la sortie pour «très prochainement». «Je ne sais pas quand, mais ça ne saurait tarder, le temps de mettre tout en place. Je suis déjà en plein enregistrement et mon vœu c’est de terminer le travail d’ici la fin de mois», dira Djillali. Son œuvre, il est en train de la peaufiner avec l’arrangeur Madjid Hallit au studio Solfège, un joyaux nouvellement lancé du côté de la gare routière de Tizi-Ouzou, dont le propriétaire n’est autre que l’artiste Moh Oubelaïd. «C’est un magnifique studio, les lieux sont bien entretenus, c’est luxueux, le matériel d’enregistrement et tout l’arsenal technique est de très hautes qualités», ajoute le chanteur. Pour revenir à son nouvel album, il en est à l’étape du réglage des voix. «J’ai fait le première maquette, maintenant j’en suis au déplacement des voix après quoi, interviendront les musiciens. Pour moi, la boite à rythme c’est juste pour avoir les repères sonores, si je peux dire ainsi. Sinon, tout sera acoustique, vraiment à 100%». Ainsi donc, Djillali ne compte pas déroger à la règle. «C’est une suite de travail que j’ai toujours fait, ça sera dans mon style, parfois mélancolique, parfois avec un peu de rythme, ça sera du Hamama en plus mûr cette fois», lance-t-il avec un humour. A quand pense-t-il pouvoir finir le travail ? «Mon souhait comme je l’ai dit, c’est de tout boucler d’ici la fin du mois. Maintenant, si on doit avoir un petit retard pour mieux faire les choses, pas de problème. Juste avant de finir, je tiens à citer Tiliwa, l’édition qui se chargera de la production de cet album».
Nassima Chebbah


                                                 ''Je chante tout ce que je sens''                                                             

La Dépêche de Kabylie : Comment Djilali Hamama s’est retrouvé dans la chanson ?
Djilali Hamama : J’ai grandi dans un entourage artistique, mon père était poète et chanteur mais il n’est pas connu car il ne chante que pour son plaisir et celui de ses amis. J’ai eu la chance d’appartenir à un village connu par ses grands artistes qui ont laissé leur empreinte dans la chanson kabyle tels : Youcef Oukaci, Ideflawen et autre.
Tout ce mélange m’a fait aimer la chanson et depuis ce temps j’ai rêvé de chanter un jour.
Comment Djilali Hamama a-t-il débuté sa vie artistique ?
J’ai écris mes premiers poèmes, à l’âge de 15 ans et depuis, je n’ai jamais cessé d’écrire et j’ai commencé à chanter dans les fêtes de mariage, dans les galas.
Ce n’est qu’en 2000 que j’ai pensé produire ma première cassette, et ce avec les encouragements de mon entourage en particulier mon oncle qui m’a poussé à mettre mon premier produit sur le marché.
Cette cassette s’intitule "Isufa"
On dit que vous chantez des chansons composées, par votre père, est-ce vrai ?
Ce n’est pas vrai, je n’ai chanté que mes propres paroles.
Pourquoi toutes vos chansons ont un style sentimental ?
C’est parce que je chante ce que j’ai vécu et toutes mes chansons traduisent mes sentiments, et en plus c’est un style qui est propre à mon village. Je chante aussi tout ce qui fait plaisir aux jeunes car c’est leur style préféré.
Est-ce que Djilali Hamama se classe parmi ceux qui aiment reprendre les chansons des autres ?
Non, je n’aime pas reprendre les chansons des autres, car je ne peux pas les interprétés mieux que ceux qui les ont chantes pour la première fois, et comme je n’arrive pas à les chanter correctement, donc ils vont perdre leur valeurs.
On ne voit plus Djilali Hamama à l’ENTV, pourquoi ?
Sincèrement, je n’ai pas insisté à diffusér mes chansons à l’ENTV, mais pour la participation dans les émissions culturelles je n’ai pas eu la chance d’avoir des invitations intéressantes.
Est-ce que Djilali est satisfait de son travail ?
Je ne peux pas dire que je ne suis pas satisfait car, j’ai récolté les fruits de mon travail, en fait, seul le public pourra juger ma production.
C’est quoi la comédie pour Djilali Hamama ?
Mes amis disent que je suis un véritable comédien, mais je trouve que la comédie est une chose et que le chant en est une autre ! En effet, je n’aime pas donner plusieurs images de moi à mon public. Ca ne se fait pas qu’une personne soit comédienne et parallèlement soit chanteuse.
Quels sont les projets de Djilali Hamama ?
Actuellement je suis en contact avec un producteur français, qui m’a proposé de travailler avec lui et auquel je dois prouver mon don d’artiste. Ce travail débutera cette année.
Quel est le message que Djilali Hamama voudrait transmettre à son public ?
J’aime mon public et je suis toujours avec lui pour le satisfaire, et lui faire plaisir à tout moment.

                 Entretien réalisé par Samia Sidali, la depeche de kabylie le 28 Mars 2009                      


                                                  Plus sentimental que jamais…                                                             

 Six titres, uniquement mais le nouveau CD de Djilali Hamama semble porteur d’une certaine magie qui nous plonge dans un univers à la fois sentimental et plein d’amertume. Le produit intitulé Amgalagh (Je te jure) est disponible chez les disquaires depuis cette semaine. A la première écoute, la remarque que l’on pourrait faire, c’est que l’artiste semble avoir cédé à la dernière mode de l’été. A défaut du vert pistache, Djilali a, lui, flaché sur l’orange hollandais. Le regard perçant, l’artiste semble livrer son premier message à travers sa photo sur la face principale de la jaquette de l’album. Derrière, il esquisse un timide sourire pour accompagner les remerciements qu’il a tenu à manifester à Moukes Hocine, et Brahim Rabia. Dans ce produit, Djilali a tout fait lui-même : paroles et musiques. Mais lorsqu’il en parle, il préfère rendre hommage à Madjid Halit qui lui a fait les arrangements, et à toute l’équipe de musiciens qui l’ont accompagné durant cette dernière « grossesse ». Une grossesse qui a donné lieu à des sextuplés : Asmekti (le souvenir), Ruh a Dunit (drole de vie), Amgalagh (je te jure), Latabiw (mes peines), Anfiyi (laisse-moi !), Ariyid Awal (Réponds !). Ce n’est que six titres, mais le nouveau CD de Djilali Hamama semble porteur d’une certaine magie qui nous plonge dans un univers à la fois sentimental et plein d’amertume. C’est justement tout ça, Djilali Hamama : un artiste sentimental avec cet air d’être constamment soucieux intérieurement. ça le nourrit, ça le rapproche des gens simples, du petit peuple, et ça le porte de plus en plus haut.

                   Djaffar Chilab.la depeche de kabylie, le 8 Février 2007                                                    

mardi 23 octobre 2012

Ferhat Medrouh




        Ferhat Medrouh est un chanteur kabyle, natif du village Abizar dans la région des Ait Djennad, dont est issus de grand artistes tels que : El anka, Henifa, Meksa Abdelkader et d’autres.
Le début de sa carrière artistique été dans les années 1990. "Anidat tayrini" (qu’en est-il de cet amour là?), est le chef-d’œuvre qui l’a révélé en 1995, mais les difficultés rencontrées avec des éditeurs et la situation du pays en ces moments du terrorisme n’encouragèrent certainement pas les artistes tels que Ferhat. Ce n’est qu’alors qu’en 2006 qu'il revient sur seine avec un nouvel album "Inigan" (témoins), un mélange de chansons d’amour et de nostalgie. En 2008, il  donne naissance à un autre album qui porte le titre  “Semahtagh” (pardonner nous), fidèle à lui-même, le chanteur ne s'éloigne pas de son style.
         Poète et musicien pluriel, il a chanté l’amour, la paix, l’espoir, la liberté, la souffrance, l’engagement, passant aisément d’un thème à l’autre comme une abeille butinant le pollen des différentes fleurs.
          

Lire la collection d’articles de presses qui parle de Ferhat.    

                                                      Une complainte pour l’âme

        Toujours fidèle à lui-même, Ferhat Medrouh revient cette fois-ci avec un nouvel album intitulé “Semahtagh”. Puisant dans un style de poésie ferme, Ferhat Medrouh, en un verbe tranchant, évoque la vie, ses chagrins et ses victoires. L’album est la combinaison la plus loquace entre le verbe et la musique. Il contient des textes rebelles qui dénoncent à la fois les manipulateurs d’opinion, et toutes les voix officieuses partisanes, généralement adeptes du rafistolage, et qui n’hésitent pas de saper les idéaux d’un peuple ou ceux des personnes. Pour ce thème, "Ur-Fhimegh", est justement là pour dénoncer ces détracteurs d’un élan plein d’espoir. L’amour, thème prédominant dans l’album, Ferhat Medrouh quitte les sentiers battus pour l’évoquer d’une verve spécifique et d’une musique douce. Son album évoque l’amour, la liberté et l’originalité. Poète et musicien pluriel, il a chanté l’amour, la paix, l’espoir, la liberté, la souffrance, l’engagement, passant aisément d’un thème à l’autre comme une abeille butinant le pollen des différentes fleurs.
"Je consultais tout le monde artistique qui m’entoure", a-t-il assuré. Assisté par son ami de toujours, le musicien Velaïd Abranis, Ferhat Medrouh le sollicitait tout au long des 25 heures de studio qu’a pris l’album.
        Dans ses textes, il décrit les douleurs que subit l’amoureux lors du départ de sa dulcinée. “Tayri”, ou l’amour de jeunesse, un thème qui revient pratiquement souvent avec la nouvelle vague d’artistes, Ferhat Medrouh y met sa touche avec la chanson Yesmaktayid.
Cette dernière est une mise en scène d’un dialogue entre l’esprit et le cœur. Alors que ce dernier rappelle sans cesse ses remontrances, l’esprit armé d’une sagesse le console et choisit sa destinée. Ferhat Medrouh chante ses amours et sa passion de la vie sentimentale vécue autrefois dans la joie où dans l’embarras.
        Consacrant la majorité de son œuvre à la ferveur de la jeunesse, Ferhat Medrouh apporte un nouveau regard sur le sujet, avec des expressions limpides, il aborde le sujet avec sagesse. Ferhat Medrouh, a fait appel à un genre musical approprié, dans ce nouvel album, et soigneusement concocté pour ses beaux poèmes.
        La chanson phare de l’album, intitulée Semahtagh, est interprétée avec Hassiba Amrouche, Hakim Salhi, Hamidou et Manal Guerbi, de somptueuses voix de la chanson algérienne.
Ces derniers associent leurs voix à celle de Ferhat pour en sortir avec un mélange artistique sublime. La chanson est un hommage et un pardon à celles et à ceux qui se sont sacrifiés pour l’Algérie.
Dans d’autres chansons, Ferhat Medrouh évoque les regrets et les remords. Non sans touche de maître, Ferhat Medrouh chante à cœur ouvert. Ses chansons soignent les blessures, accommodent l’esprit et encouragent la loyauté.
       L’amour en cachette, l’artiste décrit une relation faite de cachotteries et de mises en veilleuse que tous appréhendent et que seuls les concernés entretiennent. Nek Akk D-Rrag où la Qaâda solitaire, l’artiste veille seul avec Lexyal de sa bien-aimée.
    En vérité, écouter chanter Ferhat Medrouh dans ses mélopées amoureuses et engagées reste l’unique possibilité d’entrevoir l’amour vrai et le combat juste, celui des anthologiques que même le temps n’est pas parvenu à les faire oublier. "Ulamek" est venu juste à temps pour démystifier l’amour charnel et le ramener dans l’intemporel et le rationnel. En définitive, si Ferhat Medrouh est de ceux qui croient que le temps finit toujours par donner raison, en revanche il est presque convaincu que l’apprentissage est l’affaire de tous les jours. Bon courage Ferhat ! Ton album nous rappellent que notre chanson est toujours débout.

                                                 Mohamed Mouloudj   pour la  depeche de kabylie, le 23 Février 2008


                                             Un opus festif, poétique et patriotique

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texteLe chanteur d’expression kabyle Ferhat Medrouh vient de produire un album aux couleurs folkloriques, riche et essentiellement puisé du terroir national. Un mélange de chaâbi et de sons acoustiques traditionnels.

       Intitulé Semhethagh (pardonnez-nous), le nouvel album du chanteur kabyle Ferhat Medrouh vient de sortir chez Tadukli édition. Le titre de cette nouvelle production artistique, qui sonne comme la reconnaissance d'une faute, d'une offense pour lesquelles on cherche à se faire pardonner, est une chanson en hommage aux acteurs de la Révolution. Ce chanteur compositeur à la voix chaude chante des textes poétiques puisés du terroir amazigh et célèbre la Révolution et l'immense sacrifice des martyrs pour que l'Algérie recouvre son indépendance. Il rend ainsi hommage aux veuves, aux enfants et aux orphelins des chouhada, aux moudjahidine et à tous ceux qui ont œuvré pour la libération du pays. Semhethagh est interprétée avec Hassiba Amrouche, Hamidou, Hakim Salhi et Manal Guerbi (présentatrice de l'émission Alhane wa chabab de l'ENTV). Evoquant le courage, le dévouement et l'engagement des combattants pour la cause nationale, Ferhat Medrouh, avec un ton tranchant, revient dans le présent dans cette même chanson, pour émettre le vœu de voir la société algérienne à nouveau unie comme à l'époque coloniale, pour relever le défi de l'avenir. Outre ce voyage dans le temps ou plutôt cette plongée dans la mémoire, l'album offre une variété musicale. 7 autres chansons, dont Ulamek (c'est impossible) un superbe duo avec la chanteuse Taouès, parlent d’amour, de l'enfance, de l’hypocrisie, de la jalousie, du mariage. Des maux de la vie. Le chanteur raconte sa propre expérience, ses déceptions du passé et ses succès d’aujourd’hui, son amertume de jeunesse et sa lucidité d’aujourd’hui dans des chansons comme Nek akk d-rrag (moi et l'amertume), Awin Irefden (celui qui porte), Ur Ighi Id Qqar kan (ne nous dis pas) ou Yesmektayid (ça m'a rappelé…). Combatif, il dénonce le monde des opportunistes, des gens sans foi ni loi et des manipulateurs d’opinion. «J'exprime ce que je ressens, ce que j'ai vécu, je vois et je vis. Mes chansons viennent du fond du cœur», nous confie le chanteur qui s’inspire non seulement de l’époque où il ne pensait qu’à sa dulcinée, mais aussi des fragments de souvenirs qui restent de son adolescence perturbée. Usant de différents instruments dont le violon, le banjo et le mandole, le chanteur compose et compile des airs qui donnent du baume au cœur, qui offrent des moments d'évasion, de plaisir. Des airs qui caressent les oreilles et bercent l'auditeur. C'est un album riche en couleurs folkloriques essentiellement tirées du terroir national. Ferhat Medrouh affirme avoir travaillé d'arrache-pied pendant huit mois pour le mettre au point. C'est le fruit d'un travail de longue haleine, en donnant dans cet album le fin du fin de ses productions.

                                                                                                      Okrane ait Ouarabi.  pour El watan, le 11/03/2008

                            Ferhat Medrouh compose pour Hakim Salhi en kabyle 

Hakim Salhi vient de mettre sur le marché un nouveau produit chez Belda diffusion. Khomaïssa, c’est le titre de l’album dont le CD audio contient en bonus deux clips de deux chansons Jamais Nâya, et Ma Tsaqsinish. Une première également pour ce danseur-chanteur qui a appris à chanter en kabyle… Il fait un essai avec Levghi Bouliw, un titre avec un air plutôt pas mal réussi pour une première. C’est Ferhat Medrouh qui lui a composé la chanson. A découvrir ! Le CD est disponible sur les étals depuis samedi dernier.
                                                                                                 La dépêche de Kabylie le 23 Juillet 2006

                                                      Les cendres nostalgiques

Ferhat Medrouh est incontestablement l’un des rares chanteurs kabyles de cette nouvelle génération à avoir résisté aux bouleversements de la "chanson fast-food" en préservant un chant délié et posé dont le texte se fait vigoureux.
Un label autobiographiqueFidèle à son tempérament combatif, Medrouh chante vengeur mais mélancolique et son amertume, comme une vague qui déferle sur l’âme en peine, en dit meurtrissures et flammes intérieures. Tout l’univers de cet artiste coule dans une périphérie romantique bondée de nostalgie, sa voix, chaude et ferme, en module les alternances mélodiques. Réparti sur sept titres aussi riches que prolifique, ce cinquième album produit par Tadoukli Edition, (il sera sur le marché début avril), nous offre une oeuvre intégrale et ostensiblement soignée. Au-delà du label autobiographique de cet album, son auteur garde toujours ce ton à la Matoub, c'est-à-dire un verbe cru, rustique et toujours téméraire.
Témoins et tourments Dans "Inigan" (les témoins), titre générique de l’album, un superbe duo avec Farid Yamani, Ferhat prend en témoin sa bien-aimée et lui révèle les tourments auxquels il est éternellement soumis depuis leur séparation. Un amour têtu à l’image de l’artiste. La confession est celle d’un rebelle incorrigible, proscrit par ses ennemis, mais toujours prêt à les parodier et brouiller leurs intrigues. "Anidat tayrini" (qu’en est-il de cet amour là?), chef-d’oeuvre qui l’a révélé en 1995, repris et épousseté par de légers arrangements, est aussi un surprenant morceau d’une extrême tendresse, où le poète s’abandonne aux réminiscences du bon vieux temps de l’amour insouciant, avec une nostalgie émouvante. Une chanson qui frissonne et joue en même temps avec simplicité et amour entre soleil et brume.
Plaies et mélancolie "Adruhagh" (je m’en vais), est autant un titre remarquable qui conte la douleur de tout villageois contraint de quitter sa terre natale pour chercher fortune sous d’autres cieux. "Digelil" (l’humble), certainement la chanson qui ressemble le mieux à l’artiste, défend que le temps et les faux conforts de la vie n’aient rien changé dans la conduite de Ferhat et qu’il reste toujours cet homme humble et modeste de jadis. Quant à "Acedhi" (nostalgie), c’est une chanson souvenir qui fuse dans une sphère mélancolique débordante de chagrin. "Lexbarim" (tes nouvelles), porte également la même estampille d’amour blessé où l’auteur semble attaché à sa dulcinée tel qu’on s’attache à sa terre natale. Enfin, "Ayen ighyurguan" (notre destinée), est un titre existentiel qui parle des aléas du destin et du sort fortuit de tout individu le temps d’une vie.
Un écho émouvant En somme, il y a quelque chose de poignant dans cet album. Fragmenté entre les rêves déçus de sa nostalgie et l’orgueil brusque de son ego, embrouillé, l’auteur semble chercher désespérément le chemin de l’affirmation. Ferhat Medrouh, qui, dans toute son oeuvre, a préféré chercher ce qu’il y a derrière les personnes que de fouiller les faux-semblants; faire entendre les non-dits à l’état abrupt que de farder son verbe pour dérober la triste réalité, ajoute in fine, à sa réputation de poète d’indiscipline, cet impromptu brillant où le verbe se fait hautain, vigoureux mais bien mesuré. Avec “Inigan", Ferhat Medrouh nous a donné là la plus raffinée de ses créations. La plus accomplie aussi. Rien que pour ça, "Inigan" vaut bien d’être écouté!

                                                                     Par Lounès Tamgout ; La depeche de Kabylie le27 Mars 2006




                                                                                                                             Par MEHALA Sofiane