dimanche 25 novembre 2012

Les Origines du calendrier berbère




     L’histoire des Berbères remonte à 10 000 ans avant Jésus Christ. Ce n’est pourtant qu’au temps de l’Egypte ancienne que sera fixé l’an zéro du calendrier berbère. Il correspond à la date où le roi Chacnaq 1er (Sheshonq) fût intrônisé pharaon d’Egypte.
      Ce roi berbère avait réussit à unifier l’Egypte pour ensuite envahir la Palestine. On dit de lui qu’il s’empara des trésors du temple de Salomon à Jérusalem. Cette date est mentionnée dans la Bible et constitue par là-même, la première date de l’histoire berbère sur un support écrit.

L’histoire de Chacnaq 1er

   Les travaux des paléontologues et historiens démontrent sans équivoque que les Berbères étaient présents en Egypte depuis sa constitution. Nous retrouverons ensuite des inscriptions lybiques sur la pierre de rosette. Des tifinaghs récents qui remontent au moins au Ve siècle avant notre ère, date du mausolée d’Abelessa. Les Imazighen Mashaouash, Libous orientaux de Cyrénaïque étaient en contact direct avec les l’Egypte ancienne. En 1200 avant J.C. la civilisation libyque avait même boulerversé l’équilibre de la Méditerranée orientale en envahissant l’Egypte. C’est à cette époque que le Berbères inventèrent une roue inconnue jusqu’alors et apprennaient aux Grecs à atteler quatre chevaux.
A la fin de la XXIème dynastie égyptienne, Sheshonk (Chachnaq 1er), grand chef militaire des Mashaouash, obtint du Pharaon Siamon, dont l’armée était en grande partie composée d’Imazighen, l’autorisation d’organiser un culte funeraire pour son pére Namart, un privilège exceptionnel.
A la mort de Psossenes II en 950 av. JC qui avait succédé à Siamon, Sheshonk s’attribua la dignité royale et fonda la XXIIème Dynastie qu’il ligitima en mariant son fils, Osorkon, la fille de Psoussens II, la princesse Makare et installa un autre de ses fils comme grand pretre d’Amon Thbes.
Sheshonk établit sa capital Boubastis, installa les hommes de sa tribue dans des terres du delta du Nil et leur constitua des fiefs.
      Une nouvelle féodalité prit pied en Egypte. L’an zéro amazigh se refère donc à cette date historique de 950 av. JC ou Sheshonk fut monté sur le trône et fonda la XXIIème Dynastie.
Le jour de l’an le 12 yennayer : tibura u seggwas
      Les Imazighen fêtent aussi la nouvelle année le 12 janvier, ce qui correspond donc au 1er jour du mois Yennayer, aussi le premier jour du calendrier julien. Notre calendrier actuel est le calendrier grégorien.

 Le calendrier agraire amazigh & l'horoscope amazigh


L'année agraire amazighe, comme toutes celles de l'aire méditerranéenne est découpée
en quatre saisons : tagrest (hiver), tafsut (printemps), iwilen (hiver), amewan
(automne). Chacune des quatre saisons comporte quatre signes ou symboles «
astrologiques », dont un symbole « majeur » (celui de la saison), qui détermine les trois
autres signes de son groupe ; ainsi, chaque individu a un symbole fort, celui de la saison
où il est né, et un signe personnel, qui correspond au mois de sa naissance.
La succession des signes astrologiques (quoique ce qualificatif est inapproprié,
l'horoscope amazighe ne se référant pas aux astres) se répartit selon le tableau suivant :

1/ Tagrest (hiver) : c'est l'époque de l'endormissement, mais aussi du renouvellement
; on prépare l'année à venir, on prend les dispositions nécessaires pour le reste de
l'année : labours, semailles, coupe de cheveux… C'est une période axée sur le travail, le
tissage, d'où son symbole fort : le peigne à tisser.

2/ Tafsut (printemps) : période de la renaissance et du renouveau ; fécondité de la
terre et fortification du bétail ; exposition à titre préventif et curatif à la pluie qui tombe à
cette période ; en cas de sécheresse cérémonie dédiée à Anzar, divinité de la pluie.
Symbole majeur.

3/ Iwilen (Eté) : Période des moissons et des récoltes de fruits, du miel ; séchage des
poteries ; c'est la saison de l'exubérance et de la lumière ; fête du solstice d'été
(Laânsra), feux de joie ; fête de l'Awussu (mois d'août), rites d'aspersion, d'ablutions et
de baignades (voeux, prévention et guérisons…)
Symbole majeur : le Marteau.

4/ Amewan (Automne) : Saison des labours et de la préparation de la terre, récoltes
des olives et vie axée sur la famille, la maison. Fête de l'Amenzu n- Tgherza, (les
semailles)
Symbole majeur : la Maison (ou la Croix).

-Lecture conseillée : Malika Hachid, Les Premiers Berbères, Entre Méditerranée, Tassili et Nil



ci joint copie du calendrier berbere agricole
     periode   designation  duree        observation


29.09   au   08.10
09.10   au   18.10
19.10   au   28. 10
29.10   au   08.10
09.11   au   18.11
19.11   au   28.11
28.11   au   08.12

09.12   au   19.12
14.12   au   24.12
25.12   au   13.01
14.01   au   03.02
04.02   au   10.02
11.02   au   17.02
18.02   au   21.02
22.02   au   28.02
19.02   au   06.03
07.03.  au   13.03
14.03   au   20.03

21 03   au   23.03
24.03   au   02. 04
03.04   au   05.04
06.04   au   12.04
13.04   au   19.04
20.04   au   22.04
23.04   au   02.05
03.05   au   09.05
10.05   au   16.05
17.05   au   23.05
24.05   au   30.05
31.05   au   06.06
07.06   au   13.06
14.06   au   16.06
17.06   au   14.08
14.08   au   14.08
15.08   au   29.09



Adref 30
Adref 40
Adref 50
Adref 60
 adref 70
adref 80
adref 90

isemmaḍan
buǧembar
liali  n buǧembar
yennayer
imirɣan
furar
amarḍil
leqwareḥ
swalah
aheggam n waklan
aheggam iharriyen

lefwateḥ
taacret  n meghres
imjahene
taftirt  n meghres
taftirt  n baryel
ikhlouanene
taacret  n bereyel
nissan  n bereyel
nissan  n maggu
izegzawen
iwraghene
imiaien
iquranen
uhdimen
anevdhou
ghwect
lakhrif


10 jours
10 jours
10 jours
10 jours
10 jours
10 jours
10 jours

05 jours
10 jours
20 jours
21 jours
07 jours
07 jours
03 jours
07 jours
07 jours
07 jours
07 jours

03 jours
10 jours
03 jours
07 jours
07 jours
03 jours
10 jours
07 jours
07 jours
07 jours
07 jours
07 jours
07 jours
03 jours
56 jours
01 jours
43 jours



1 er jour de laḥlal





Le  29 : 1 er jour d'hiver
( TAGREST)

Le 14/ 12 : 1 er jour de Buǧambar
Le 18/12 Adewwer n yiṭij
Le 03/02  lazla n yennayer
Tebrari
Le 18 ; amardil
Taille de la vigne (anegzum bwadil)
Le 1/03 : le printemps, amenzu tefst
Du 01/03 au 03/03 ; Oulbithen
Greffe d'arbre fruitier




Greffe d'olive





Plans de figue de barbarie
Du 14/05  Au 16/05 ; Debagh
Le 29/05 Amenzu n wezghal








Adref 90 ; valable pour defricher la terre et labour de figuier
03 fevrier ; lazia gnnayer, aqurrec bwarac, maras
Uhdimen ; atebdu tmegra
Arwa ; iheddu lewahi - 8 juillet
14 juillet ; assemensey

mercredi 21 novembre 2012

Le poème d'Arthur Rimbaud en hommage au Roi berbère Jugurtha


Dans ce poème, Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud (1854-1891) rend un hommage au légendaire roi amazigh, Jugurtha (160-105 av. J.-C.).rimbaud.jpgA l’âge de 15 ans, le petit Arthur participa à un concours général de vers latins opposant plusieurs académies du nord, le 02 juillet 1869, à Charleville-Mézières, sa ville natale. Comme par hasard, le sujet proposé était « Jugurtha », une aubaine pour le collégien Arthur po
ur exprimer tout l’amour qu’il vouait à cette grande figure de l'histoire berbère. Tandis que les autres compétiteurs se mirent à jeter sur papier ce qu’ils connaissaient du sujet, Rimbaud affamé n’écrivit rien. Il demande des tartines au concierge et, une fois rassasié, il saisit son porte-plume et commença à composer ses 75 vers élogieux sur le roi Jugurtha et ce, sans consulter son ‘’Gradus ad parnassum’’ ! A midi, il rendit sa copie et il obtint le prix !
Le traducteur de ces vers, Marc Ascione, écrit dans «Le Magazine Littéraire » n°289 de juin 1991 : « Rimbaud parle en latin d’une actualité politique brûlante, celle de la colonisation d’Algérie (à laquelle avait pris part un certain capitaine Rimbaud), profitant de cette première tribune, qui lui est offerte pour faire l’éloge de la révolte. »

Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :
Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha...

Du second Jugurtha de ces peuples ardents,
Les premiers jours fuyaient à peine à l’Occident,
Quand devant ses parents, fantôme terrifiant,
L’ombre de Jugurtha, penchée sur leur enfant, Jugurtha.jpg
Se mit à raconter sa vie et son malheur :
‘’O patrie ! O la terre où brilla ma valeur !’’
Et la voix se perdait dans les soupirs du vent.

‘’Rome, cet antre impur, ramassis de brigands,
Échappée dès l’abord de ses murs qu’elle bouscule,
Rome la scélérate, entre ses tentacules
Etouffait ses voisins et, à la fin, sur tout
Etendait son empire ! Bien souvent, sous le joug
On pliait. Quelquefois, les peuples révoltés
Rivalisaient d’ardeur et, pour la liberté,
Versaient leur sang. En vain ! Rome, que rien n’arrête,
Savait exterminer ceux qui lui tenaient tête !....’’

Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :
Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha...

‘’De cette Rome, enfant, j’avais cru l’âme pure.
Quand je pus discerner un peu mieux sa figure,
A son flanc souverain, je vie la plaie profonde !...
La soif sacrée de l’or coulait, venin immonde,
Répandu dans son sang, dans son corps tout couvert
D’armes ! Et une putain régnait sur l’Univers !
A cette reine, moi, j’ai déclaré la guerre,
J’ai défié les Romains sous qui tremblait la terre !....’’

Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :
Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha...

‘’Lorsque dans les conseils du roi de Numidie,
Rome s’insinua, et, par ses perfidies,
Allait nous enchaîner, j’aperçus le danger
Et décidai de faire échouer ses projets,
Sachant bien qu’elle plaie torturait ses entrailles !
O peuple de héros ! O gloire des batailles !
Rome, reine du monde et qui semait la mort,
Se traînait à mes pieds, se vautrait, ivre d’or !
Ah, oui ! Nous avons ri de Rome la Goulue !
D’un certain Jugurtha on parlait tant et plus,
Auquel nul, en effet, n’aurait pu résister !’’

Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :
Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha...

‘’Mandé par les Romains, jusque dans leur Cité,
Moi, Numide, j’entrai ! Bravant son front royal,
J’envoyai une gifle à ses troupes vénales !...
Ce peuple enfin reprit ses armes délaissées :
Je levai mon épée. Sans l’espoir insensé
De triompher. Mais Rome était mise à l’épreuve !
Aux légions j’opposai mes rochers et mes fleuves.
Les Romains en Libye se battent dans les sables.
Ils doivent prendre ailleurs des forts presqu’imprenables :
De leur sang, hébétés, ils voient rougir nos champs,
Vingt fois, sans concevoir pareil acharnement !’’

Dans les monts d’Algérie, sa race renaîtra :
Le vent a dit le nom d’un nouveau Jugurtha...

‘’Qui sait si je n’aurai remporté la victoire ?
Mais ce fourbe Bocchus... Et voilà mon histoire.
J’ai quitté sans regrets ma cour et mon royaume :
Le souffle du rebelle était au front de Rome !
Mais la France aujourd’hui règne su l’Algérie !...
A son destin funeste arrachant la patrie.
Venge-nous, mon enfant ! Aux urnes, foule esclave !...
Que revive en vos cœur ardent des braves !...
Chassez l’envahisseur ! Par l’épée de vos pères,
Par mon nom, de son sang abreuvez notre terre !...
O que de l’Algérie surgissent cent lions,
Déchirant sous leurs crocs vengeurs les bataillons !
Que le ciel t’aide, enfant ! Et grandis vite en âge !
Trop longtemps le Français a souillé nos rivages !...’’
Et l’enfant en riant jouait avec un glaive !...

II
Napoléon ! Hélas ! On a brisé le rêve
Du second Jugurtha qui languit dans les chaînes...
Alors, dans l’ombre, on, voit comme une forme humaine,
Dont la bouche apaisée laisse tomber ces mots :

‘’Ne pleure plus, mon fils ! Cède au Dieu nouveau !
Voici des jours meilleurs ! Pardonné par la France,
Acceptant à la fin sa généreuse alliance,
Tu verras ’Algérie prospérer sous sa loi...
Grand d’une terre immense, prêtre de notre droit,
Conserve, avec la foi, le souvenir chéri
Du nom de Jugurtha !...N’oublie jamais son sort :

III
Car je suis le génie des rives d’Algérie !...’’