jeudi 7 novembre 2013

La bataille de Bouguedama



La bataille de Bouguedama


     Parmi les grandes batailles qu’a connue la région d’Ait Djennad durant la guerre de libération nationale, une bataille qui semble être oublié malgré sont importance, pas seulement par rapport aux dégâts humaines quelle a engendré mais c’est à la période dans laquelle elle s’est déroulé.
Le 16 février 1956, une journée qui restera gravée dans la mémoire des habitants des alentours du hameau de Bouguedama, un village situé au coté sud d’Abizar, sur les collines qui séparant la montagne rocheuse des plaines d’Azaghar. La région représentait un point de passage pour les Moudjahidines qui transitaient de Ouaguenoune vers la forêt de Tamgout, de nombreuses casemates ont étés installées pour servir de refuges et de caches.
     Le périple des 17 Moudjahidines qui ont étés encerclés ce jour-là, commença la veille lorsqu’ils sont tombé dans une embuscade des soldats français au village de Boujimaa à Ouaguenoune, en profitant de la tombé de la nuit ils se sont enfui vers le village d’Ighil n Saada, ou ils ont étés accueillis par des Moudjahidines du village tel: Abizar Mohand, Atbata Belkacem, Tiachache Achor et Mokrane. Malgré les ordres  des responsables de la liaison de continuer leur chemin vers Tamegout, ces Moudjahidines ont préféré de passer la nuit à Bouguedama chez la famille Izerarene.
    Vers l’aube, les soldats français arrivèrent avec les premières lueurs de lumière pour encercler tout le village, une chose est sûr, quelqu’un a informé l’ennemi de leur position. Comme dernière repaire, ils ont choisi un petit oued ou ils se sont réfugier en attendant l’intervention des soldats. Malgré les appels du comandant des troupes françaises pour qu’ils se rendent, les braves Moudjahidines n’ont pas cédé sachant qu’ils étés moins nombreux et mal armés. C’est alors que les soldats français déclenchèrent l’assaut, soutenus par l’aviation.
   Aux dix-sept Moudjahidines, deux autres de la région ont participé à l’accrochage, il s’agit de Said Ait Ouarabi et Khelfa du village El hadjadj. Durant toute la bataille les hélicoptères français n’ont pas cessé de transporter leurs morts et leurs blessés. Selon les témoins qui ont entendu l’un des officier faire un rapport par radio, ils ont perdu 19 soldats. Du coté des Moudjahidines, tous ceux qui ont participé, sont tombé au champ d’honneur, les dix-sept inconnus qui sont jusqu’au aujourd’hui enterrés à Abizar ainsi que les deux de la région qui se sont rejoint à eux.
    Ce qu’il faut rappeler, c’est que cette bataille a eu lieu avant le congrès de la Soummmam (20 aout 1956), ce qui peut justifier le manque de structuration et de vigilance. Malgré les pertes lourdes qu’a subit les Moudjahidines, ça n’a fait que renforcer leurs rangs et l’application d’une stratégie qui portera ses fruits à plusieurs reprises et dans plusieurs autres batailles comme celle ‘’d’Agueni Uzidud’’ connu par opération ‘’Oiseau Bleu’’.

Les faits sont retracés selon les témoignages de:
-Le Moudjahide Tiachache Mokrane dit Mokrane Iaamrache
-Le Moudjahide Ait ouarabi Mohammed dit Mouh oumhenna
-Le Moudjahide Ihedjadene Chabane
-Le Moudjahide Tiguercha Khelifa
-L'historien Lounis Mehalla
                                                                                                                         par:S.Mehala

mercredi 6 novembre 2013

La bataille de THACHIVOUNT




                                               La bataille de THACHIVOUNT

                                                       DU 08 OCTOBRE 1959



      Tachibounte est un petit bois, à vrai dire un bosquet, qui surmonte une crête avec des falaises abruptes et des ravins sauvages. Elle est située non loin d’Aghrib et du gros village Taboudouchte. Elle est limitée au nord par le village d’Adrar et à l’est par le gros village d’Azrou. Le village d’Aït Bouali de Freha n’est pas loin non plus ,ainsi que les village Mira et Ait Gouaret de TIMIZART

       Nous sommes en pleine opération « Jumelles », et déjà les effets désastreux de la sédition des officiers libres se font sentir et remuent dangereusement les rangs de l’ALN. Une réunion regroupe des moudjahidine au village de Timerzouga, c’est une réunion informelle initiée par l’aspirant Si Abderrahmane Arrous, membre du conseil du commandement de la Région 3, Zone III. Il invite à cette réunion les chefs des secteurs et déjà deux d’entre eux sont présents. Il s’agit de Si Mouh Saïd Boudoukhane et de Si El Hanafi dit « Habachi ». L’autre chef de secteur, Si Ouakli Kesri, de Sidi Naâmane a été retardé. L’ordre du jour de cette réunion improvisée est communiqué aux participants, il s’agit de juger l’un des leurs, un aspirant de surcroît, pour fautes graves. En l’occurrence, il s’agit de Si Ouali, un ancien gendarme déserteur, originaire de la Petite Kabylie et dont le comportement a paru bizarre ces derniers temps jusqu’à offusquer certains de ses proches et cela n’a pas échappé à la vigilance de ses compagnons. Il est donc aux arrêts. Les moudjahidine réunis en conclave estiment qu’ils ne sont pas qualifiés pour juger un officier, et un aspirant ne peut pas juger un autre aspirant comme lui, il fallait donc se résoudre à réclamer l’avis des officiers supérieurs. Si El Hanafi, adjudant-chef du secteur à l’époque fut désigné pour prendre attache avec le haut commandement et l’instruire de cette affaire. Il était le seul homme à connaître l’endroit où il pourrait rencontrer le commandant Si Mohand Ouelhadj. L’endroit était revêtu du secret le plus absolu compte tenu de la conjoncture, et approcher le commandant n’était pas chose aisée à ce moment-là. Une section de moudjahidine l’accompagnera dans sa mission. En attendant, les moudjahidine observent de leur coin les mouvements des troupes ennemies stationnées à Aghrib et ses environs. Lorsque Si El Hanafi est de retour, il est surpris par la lumière du jour, il est dans l’obligation de faire halte et stationner du côté de Freha et dépêcher deux estafettes pour porter le courrier.
         Le commandant Si Mohand Ouelhadj a été contacté, et dans sa réponse, il explique que la situation qui prévaut donne légitimation aux moudjahidine de la Région 3 réunis à Timerzouga de constituer un tribunal et de juger l’officier indélicat. L’affaire est réglée rapidement. Le tribunal est constitué et rend son verdict. L’accusé est condamné et exécuté. L’imprimé « Arrêt de mort » est rempli. Il indique le président du tribunal, l’accusateur, le défenseur, les témoins et le greffier (le secrétaire de séance). Les djounoud s’apprêtaient à rejoindre la magnifique forêt de Tala Igouraouène, leur lieu de prédilection, pour trouver un refuge sûr pour séjourner dans la journée du lendemain. Mais l’aspirant Si Abderrahmane Arrous les dissuada. Ils demeureront donc sur place en se répartissant dans les chaumières des alentours. Les documents de la réunion sont portés dans une serviette et placés en lieu sûr à quelques encablures de là dans un abri au loin dans une localité en contrebas. Le lendemain, la cavalerie ennemie stationnée au poste militaire de Mira sort en opération et se dirige tout droit vers cette localité située en retrait des gros villages de la région et en zone découverte. Y a-t-il eu dénonciation ou bien est-ce une opération de routine ? L’ennemi arrive à localiser l’abri et les soldats tuent les deux secrétaires qui s’y étaient réfugiés et qui sont étrangers à la région. Encouragés, les soldats continuent à fouiller et à creuser et parviennent à découvrir la serviette et les documents qu’elle contenait. L’ennemi sait maintenant que les moudjahidine ne sont pas très loin et qu’ils sont assez nombreux. Il monte tout de suite une opération de ratissage et ses troupes stationnées dans les postes et camps militaires sont en état d’alerte. Les soldats du poste militaire d’Aghrib sortent du camp et trompent la vigilance des guetteurs aln en jouant de ruses. Ils font mine de se diriger vers le sud, alors qu’en fait, ils rebroussaient chemin par des voies détournées pour aller rejoindre leur objectif primordial, à savoir atteindre le chemin des crêtes au nord qui coupera la retraite aux djounoud qui voudront rejoindre Tala Igouraouène. Les moudjahidine seront donc pris au piège et n’auront d’autre alternative que de se réfugier dans la forêt de Tachibounte. Pendant ce temps, l’ennemi a achevé ses préparatifs, et très tôt le matin du 8 octobre 1959, le ratissage s’annonce par les bombardements d’artillerie lourde et par la ronde infernale des T6, des Moranes jaune et noir ! Les hélicoptères de type Sykorsky et Banane ne sont pas en reste ; ils interviennent dans le transport des troupes pour les déposer sur les crêtes des montagnes environnantes. Les djounoud maintenant se sont retranchés au milieu de la forêt et chacun d’eux a choisi son abri personnel pour combattre. Dans leur majorité, ils sont armés de fusils de guerre de type américain Garant ou français Mas 49 et des pistolets mitrailleurs Mat 49 mieux appropriés pour les combats de proximité et surtout en forêt. Ils constituent au total une section de 27 combattants auxquels s’ajouteront quelques détachés.
        Les premiers coups de feu ne vont pas tarder à retentir dès que les premiers éléments de la troupe française pénètrent dans la forêt et se rapprochent dangereusement à la portée des fusils meurtriers des moudjahidine. La bataille qui débute enregistrera l’anéantissement total de cette section ennemie qui s’est hasardée trop confiante au cœur de la forêt. Comme toujours et en pareilles circonstances, l’ennemi retire ses fantassins et confie à l’aviation et à l’artillerie le soin de continuer le combat. Il durera toute la journée et une partie de la nuit avec l’utilisation des fusées éclairantes. Devant la résistance acharnée des djounoud et de leur obstination à combattre jusqu’à épuisement des munitions disponibles et devant leur endurance, l’état-major opérationnel ennemi a eu recours aux renforts qui augmenteront considérablement le nombre des assaillants. Le combat s’achèvera le lendemain 9 octobre au matin. Les pertes sont lourdes de chaque côté, mais elles ne furent pas évaluées du côté français parce que les corps ont été ramassés et transportés jusque dans les postes militaires. Par contre, les pertes des moudjahidine sont considérables : toute la section a été neutralisée avec 22 chouhada et 5 blessés faits prisonniers. Dans sa vindicte, l’armée française, qui pleure ses soldats morts au début de la bataille, utilise des villageois comme bouclier pour pénétrer dans la forêt et pour participer au ramassage des corps des soldats tués. Ils seront abattus à leur tour pour empêcher la divulgation du nombre des pertes françaises, il y aura donc au total 29 chouhada. La zone de Tachibounte sera déclarée zone interdite et les villages environnants seront évacués. La population sera regroupée dans des centres créés à Tala Tegana et à Timerzouga. Un poste permanent est installé au village Adrar pour la surveillance continuelle de cette zone interdite.


       Voici les noms des chouhada de cette bataille mémorable : Boudjemaâ d’Aït Bata (Abizar), Abderrahmane Arrous (Larbaâ Nath Irathen), Si Saïd Bounamane (Assif El Hammam), Ghezzaz Amar dit le Chinois (Mizrana), Oumetchi Ahmed (Tifra), Tissegouine M’hand (Ibdache), Mikrouche Ali (Ibdache), Tizrairat Saïd (Tifra), Aït Abba Rabah (Ighil M’henni), Ouakouak Belaïd (Adrar), Lounis Saïd (Tala Tegana), Iguer Ramdane (Tala Tegana), Agouni Nessouk Boudjemaâ (Azerou), Djoughali Arezki (Tala Tegana), Saber Pacha Mokrane, Djoughali Mouloud (Tala Tegana), Mouh Nali Oumeziane, Saïd Ourezki, Amar Tessanate, Aït Amar Hidouche, Oubatite Saïd, Si M’hand Nath Aïssi, Si Ali Ouahmed, Djoughali Amar (Tala Tegana), Si Ouali Ihnouchène, Rabah Oumetchi.
Les 5 blessés faits prisonniers sont : Ouguenoune Saïd dit Saïd Boudhrar, Si Mouh Saïd N’tboudoucht, Boudoukhane, Tighedine Arezki dit Arezki N’taouinte, Ibouchoukane Tahar du village Adrar, Abdellaoui Hadh Ahmed du village Ibeskrine.
Si Saïd Bounamane (Assif El Hammam) son nom de famille : AOUALI
                                                                                                                                        

                                                                         
                                                                                                                      Par Salah Mekacher

Timizart: le 1er novembre de retour



Timizart : le 1er novembre de retour   


A l'initiative de la jeune association culturelle ''TUSNA'' agrée quelques jours seulement avant le jour J (1er novembre 2013), une date que les membres dont la plus part sont des étudiants ou des nouveaux diplômes de l'université, ont choisi pour lancer officiellement cette association qui vient enrichir le mouvement associatif dans la région d'Ait Djennad en général.


     Le lieu du rendez-vous est aussi un symbole, Djamaa d'Agueni Beswel à Abizar, une battisse qui a abrité des réunions préparatifs de la révolution algérienne dans la région, et un lieu ou des  entrainements ont étés administrés par le Chahid Ben Amer Hmed dit Heouali. Juste à côté de ce monument historique, repose en paix des Chouhadas anonymes, tombés au champ d'honneur lord de la bataille de Bouguedama le 17 février 1956.
Pour rappel, la commune de Timizart qui compte 492 Chahids dont 87 sont issus d’Abizar, au long des 51 ans d’indépendance la région n’a jamais raté la célébration de cette date historique, mais cette fois-ci un cachet spécial à été apporté par la mobilisation que se soit des associations, de l’ONM ou de l’organisation des fils de Chouhadas de la commune, ainsi que des comités des villages. De sa part l’association Tusna est allé plus loin en lançant un appel sur les palataux de la télévision algérienne TV4, de la part de son président qui rappelé les grands sacrifices que la région a offert durant la révolution et même avant.
Le programme a été entamé la soirée de 31octobre avec une table ronde qui s’est transformée en    
une veillée jusqu'à minuit. Durant plus de 5heurs, les nombreux présents dont des élus locaux et des représentants de l’organisation des fils de Chouhadas ont suivi avec attention les récits héroïques des Moudjahidines. Des faits ont étés confirmés et des dates ont étés fixés après de long débats passionnants. Le lendemain matin, la place s’est transformée en une Mecque, tout le monde s’afflué, des plus jeunes aux plus vieux. Les chants des vielles qui résonnaient des hauts parleurs attiré les gens, les un par nostalgie les autres par curiosité, la place grouilla de monde. A l’arrivé du cortège venu du chef lieu de la commune, le P/APC en tête, il a été procédé à la levé de drapeau national et le dépôt de gerbes de fleurs suivi par des prises de paroles. Au monument d’Agueni Temliline, l’émotion été plus forte, puisque le lieu n’a jamais connu une présence assez nombreuse dans de telles occasions. Des centaines de personnes se sont déplacé pour rendre hommage à nos glorieux Martyrs, et confirmer qu’ils se souviennent toujours de leurs sacrifices.
Vers 14H30, le rendez-vous été avec la conférence qu’a animée Mehalla Lounis, un passionné de l’histoire,  qui est sollicité de partout pour animer des conférences. Relatant évènement après évènement, Da Lounis a fait voyager avec lui les nombreux présents dans le temps, faisant une halte en citant des héros qui étés jusque-là anonymes. A la fin de la conférence, Da Lounis a été honoré par une attestation remise par le P/APC Mr Tiouchichine. Dans le même sillage un autre homme qui été derrière la réussite de cet évènement a été honoré, Mr Guerchouche un autre passionné de l’histoire qui a apporté du nouveau, puisque c’été lui qui a eu l’idée de la réalisation de reportages avec les Moudjahidines et les veuves de Chouhadas, c’est ce qu’a constaté les présents en suivant la projection vidéo vers la fin.
‘’Tusna’’ le savoir en français, une association composée de jeunes issus de différents villages de la    
commune de Timizart, qui aspirent à apporter un nouveau souffle au mouvement associatif, une vision nouvelle plus objective, plus bénéfique pour la région et ses citoyens. La culture aujourd’hui n’est plus ce quelle été lord de la création des premières associations dans les années 1990, si elle doit survivre elle doit s’adapter aux évolutions que connait le monde en gardant son originalité et ses particularités. Ce travail ne sera l’œuvre que des nouvelles générations, auxquelles une chance doit être offerte.

                                                                                                                                   S.Mehala